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Guimauve et lumière

Mesure de la vitesse de la lumière avec de la guimauve
Une chronique du professeur Burp.

Outils : de la guimauve, un four micro-ondes, un double décimètre

Un peu de théorie : dans l’espace qui est le nôtre, les ondes électromagnétiques cheminent à une  vitesse constante (un peu moins de 300 000 km/s) que l’on peut déterminer à l’aide de dispositifs expérimentaux divers. Des études secondaires, on retient généralement des dispositifs assez rébarbatifs fondés sur l’utilisation de miroirs et de disques à obturation rapide, genre croix de malte.

Quelques notions de base : regardons un truc qui émet une onde ayant une fréquence f. Par exemple, une sorte de haut-parleur…
LongueurDOnde
C’est tout à fait ce qui se passe avec la corde ou la lame vibrante d’un instrument de musique.

La fréquence f est le nombre d’oscillations par seconde. Elle se mesure en Hertz. Les fréquences audibles se mesurent en kilo Hertz (kH). Ce sont de simples variations de la pression. Ce ne sont pas des ondes électromagnétiques.
La longueur d’onde l est la longueur d’une oscillation complète. C’est le double de la distance entre deux ventres.

La physique nous enseigne une loi fort simple : la vitesse de propagation de l’onde est égale à la fréquence multipliée par la longueur d’onde. c = f x l

Un four à micro-ondes est essentiellement constitué d’un émetteur de micro-ondes, qui sont des ondes électromagnétiques, tout comme la radio ou la lumière. Si on connaît la fréquence des micro-ondes du four et si on est capable de voir les nœuds et les ventres de l’onde, on peut, par une simple multiplication obtenir la vitesse de propagation des ondes électromagnétiques. C’est à dire la vitesse de la lumière.

L’expérience : la méthode proposée ici, quoique très rudimentaire, a l’avantage d’être amusante à mettre en œuvre.

Une remarque fondamentale sur la raison d’être du dispositif qui fait tourner les plats dans le four micro-onde : c’est tout simplement parce que ce qui fait chauffer les molécules d’eau dans le micro-onde, c’est l’agitation due à l’onde. Cette dernière est forte aux ventres de l’onde et faible (nulle) aux nœuds. Autrement dit, en l’absence de dispositif rotatif, ça va chauffer en certains endroits et rester froid à d’autres. D’où l’idée de l’expérience.

On regarde la plaque arrière du four et on note la féquence de l’émetteur micro-ondes :

On fait un lit de guimauve au fond du four dont on a retiré le dispositif tournant (du chocolat aurait fait le même effet. Peut être même que du papier fax un peu humide ….)

On fait chauffer quelques instants (1 à 2 minutes)

On observe ce que la théorie a prévu : ça ne chauffe pas partout !

On mesure la distance entre deux ventres (env. 8cm)

On double cette distance pour avoir la longueur d’onde (env. 16 cm soit 0,16 mètres) et on multiplie par la fréquence (2450 Mhz).

On obtient : 0,16 x 2 450 000 000 = 392 000 000 m/s soit 392 000 km/s.

Bon, d’accord, le résultat n’est pas tout à fait précis, mais tout de même, ça vaut le coup, une fois l’expérience réalisée, de profiter de la bonne humeur pour essayer de reprendre et de faire passer un peu de connaissance sur la notion de longueur d’onde, de fréquence et de vitesse de propagation d’une onde.

Le miracle quotidien

La recherche opérationnelle est la science de l’optimisation des tâches dans un processus, souvent industriel.

Exemple : à peine réveillé, l’une de mes premières tâches de la journée consiste à faire le plateau du petit déjeuner que je porterai ensuite dans le lit conjugal. Le retour dans le lit conjugal dans les meilleurs délais avec le plateau, le sourire de Claire, les premiers échanges d’une journée qui commence bien seront les récompenses, chaque jour renouvelées, de ce modeste travail bien fait.

Arrivée, les yeux encore embrumés, devant le plan de travail de la cuisine : sortir le plateau, deux tasses et deux verres, deux petites cuillères et deux sucres, ouvrir le frigo, sortir le lait et le jus d’orange, verser le lait dans les tasses, mettre les sucres, mettre le tout dans le micro-onde pendant 45 secondes. Pendant ce temps, remplir les deux verres de jus d’orange, sortir deux capsules de Livanto, vérifier au passage le niveau d’eau dans la machine Nespresso. Rien n’est pire, le matin, que lorsque le machine se désamorce. Le temps perdu coûte très cher. La qualité du sourire s’en ressent, il peut même être purement et simplement remplacé par un « Ben, qu’est-ce que tu as foutu ? Tu en as mis, du temps… ». La journée démarre alors sur un très mauvais pied et pourrait même directement embrayer sur un « Tu as vraiment une sale gueule, il est temps que tu ailles chez le coiffeur », première passe d’armes d’un conflit dévastateur.

Il est  donc crucial de maîtriser cette première tâche du matin, de l’optimiser. D’autant que, mal réveillé, l’opérateur risque de voir le moindre problème dégénérer en une cascade de dominos pouvant conduire à l’effondrement d’une vie paisible.

Variantes : Parfois, en vacances surtout ou le week-end, ou encore quand on n’a pas dîné la veille, il peut s’introduire dans le processus une nouvelle tâche qui, à l’arrivée, doit produire deux ou quatre tartines grillées, avec beurre et confiture. La présence d’Alfred le chat dans le lit conjugal nécessite peut-être également la mise en place sur le plateau  d’une coupelle avec son petit déjeuner à lui – il ne prend ni café au lait, ni jus d’orange. D’autres variantes catastrophiques peuvent également survenir : la boîte de sucres est vide, plus de jus d’orange, le lait a tourné !

L’exécution optimale de la préparation du petit déjeuner implique donc que l’on a vérifié au préalable l’état des stocks (café, lait, sucre, jus d’orange, niveau d’eau dans la cafetière). Dans l’idéal, ceci peut même avoir été fait la veille, voire quelques jours plus tôt s’il s’agit de prévoir l’arrivée à temps du Chronopost afin d’éviter de se retrouver en rupture de capsules. Dans le cas d’une préparation optimale la veille au soir, on peut même peut-être de sortir d’avance le matériel : capsules, sucres, verres, tasses, plateau.

Il faut enfin noter que, quand on recherche à trouver une portée générale au résultat optimisé par trente années d’expérience, on constate malheureusement assez vite que lorsqu’il est adapté à un autre contexte, la maison de Keremma, par exemple, le rituel risque d’être assez profondément modifié, pour la simple et bonne raison que le micro-ondes et la machine Nespresso ne sont pas dans la même pièce que le frigo et les placards.

Il est par contre possible de chercher à comprendre le processus d’optimisation en définissant quelques termes de sorte que la méthode acquise pour optimiser la production du plateau du petit déjeuner puisse être appliquée, par exemple, à la construction d’un pont.

Un peu de vocabulaire

Nous allons préciser un peu le vocabulaire dans le contexte de l’élaboration des diagrammes GANTT et PERT qui restent deux outils fondamentaux de la Recherche Opérationnelle.

La méthode PERT (Project Evaluation and Review Technique) consiste à identifier les tâches élémentaires d’un projet en identifiant leur durée ainsi que les étapes de début et de fin de chacune d’elle. On réalise ensuite un réseau représentant les dépendances des tâches les unes par rapport aux autres. On cherche ensuite à identifier les chemins critiques, c’est à dire les suites d’étapes optimisées de telle sorte que tout retard dans l’exécution de l’une des tâches se traduit par un retard sur l’ensemble du projet.

Tâche

Une tâche évolue d’une étape initiale à une étape finale. Elle est repérée par son nom et sa durée. Elle est représentée par une flèche entre deux étapes. On notera au passage que le coût de la tâche n’est pas un paramètre déterminant pris en compte dans l’élaboration du PERT.

Nom
de la tâche
Description Temps
(secondes)
A sortir le plateau 3
B sortir les tasses 3
C sortir les verres 3
D sortir le lait 3
E verser le lait dans les tasses 4
F sortir le jus d’orange 3
G verser le jus d’orange dans les verres 3
H mettre le sucre dans les tasses 2
I sortir deux petites cuillères et les mettre dans les tasses 3
J mettre les tasses au micro-onde 40
K préchauffer la machine Nespresso 40
L faire un café long dans la machine Nespresso 40
M faire un café long dans la machine Nespresso 40

 

La description des tâches pourrait se faire avec nettement plus de finesse. On pourrait par exemple préciser que la tâche J comprend l’ouverture de la porte, le transport des tasses depuis le plan de travail jusqu’au four mico-ondes, la programmation du minuteur sur 40 secondes, la cuisson, l’ouverture de la porte du four, le transport des tasses depuis le four jusqu’à la cafetière, ou jusqu’au plan de travail où elle est mise en attente, … On peut ainsi réaliser des zooms dans un diagramme PERT en rassemblant plusieurs tâches dans une même tâche plus globale et avoir ainsi une vision du projet sur quatre ou cinq grandes étapes, alors que dans son détail, le projet en comporte des centaines, voire des milliers.
Sauf pour très peu de gens, le fait de savoir que la production du plateau du petit déjeuner prend moins de trois minutes est amplement suffisant.

Etape

Une étape marque le début et/ou la fin d’une tâche. Elle est repérée par son nom et par les dates « au plus tôt » et « au plus tard » de  l’étape.

Un exemple d’optimisation

On comprend vite que les tâches critiques sont :

J : réchauffer le lait dans le micro-ondes  (40 secondes)
et deux fois
K, L et M : Préchauffer la machine Nespresso et faire deux cafés longs (40 secondes ×3)

À moins d’acheter une seconde machine Nespresso, il sera impossible de produire le petit déjeuner en moins de 120 secondes. En faisant l’investissement d’une seconde machine, ce temps pourrait sans doute descendre sensiblement, mais probablement pas à 80 secondes car les autres tâches. La dépense, la main d’œuvre supplémentaire nécessaire ne rendent pas nécessairement cette option très réaliste.

Diagramme de GANTT (du nom de son inventeur)

Une fois terminé le travail sur le réseau PERT, on représente volontiers le diagramme de GANNT, qui montre mieux le déroulement des tâches.

 

La recherche opérationnelle a été reconnue et nommée comme une branche à part entière des mathématiques au cours de la seconde guerre mondiale. À l’origine utilisée dans le contexte des opérations militaires, elle est appliquée aujourd’hui dans de nombreux secteurs de l’activité humaine, et tout particulièrement dans le secteur industriel. L’exemple présenté ici concerne essentiellement les questions particulières de la gestion de projet, de l’élaboration d’un emploi du temps ou encore de l’ordonnancement de la production. La recherche opérationnelle s’applique à de nombreux aspects de l’activité humaine, préoccupée par l’optimisation de ses ressources.

 

 

 

LxxL / E&N

LxxL/E&N a commencé juste après les Castors.
Je venais de tourner les 60 piges et Claire n’allait pas tarder à me rattraper. Au bout de deux vies professionnelles assez bien remplies et de parents assez généreux post mortem on aurait peut être pu s’en tenir là, mais au bout d’un an à regarder ce qu’il y avait autour de nous et à l’intérieur de notre crâne, quelques coups d’œil dans le rétro, on s’est souvenu d’Olympio.

2000, juste avant que la bulle Internet n’explose, c’était trop tôt pour lancer une maison d’édition numérique.

C’était à Keremma, faubourg de Treflez,
dans le jardin des Touchard

Keremma est, avec Chambéry, le lieu de mes souvenirs de jeunesse.

Un bord de mer, dans le Finistère nord, né de l’idéal de mon arrière-arrière grand père, qui a construit une digue derrière laquelle il a asséché 1500 hectares pour y bâtir l’oeuvre de sa vie : un phalanstère fouriériste. Son idéal a été quelque peu trahi par les générations qui lui ont succédé.

SUDOKU

Capture

Je suis super bon au Sudoku …

Enfin, je sais à peu près faire. J’ai du mal avec les « experts » du Monde. Pour le reste, en général, ça va plutôt bien. Mais sur https://www.websudoku.com/ C’est pas si terrible. Il m’arrive d’être dans les 30% meilleurs. Parfois je patauge et il me dit que 75% des joueurs sont meilleurs que moi. Merde, j’avais de moi une opinion un peu meilleure…
Alors, je vais regarder un peu le code source et je trouve une ligne de code marrante :

var cheat='479612583216358749358749126935487612821963475647125938584276391192534867763891254';

Du coup je vais dans la console de mon navigateur et je tape :

for(c=0; c<9; c++){cell0 = 'f'+ c; for (l=0; l<9; l++){ cell = cell0 + l; document.getElementById(cell).value = cheat [c + 9*l];}}

… et mon sudoku est résolu en moins de 5 secondes.

Mais le programmeur du Free Sodoku a du en avoir marre des tricheurs, alors il n’enregistre pas le temps de ceux qui mettent moins d’une minute. Bon … 1 minute et 6 secondes. Pas mal. Je dois pouvoir faire mieux, mais ça ne m’amuse plus.

 

 

Palo Alto

Dans l’open space, d’E&N Claire, Antonin et Baptiste.

Claire écoute d’une oreille distante la conversation des deux geeks qui échangent des constatations générales sur le comportement de l’appli dont la lenteur commence à les questionner .

B. – … ça vient peut être de la montée en charge. On commence à en a voir un paquet. C’est peut-être l’une des raisons pour laquelle Olivier voulait effacer entièrement la base pour la béta…

Claire intervient :

C. – Mais attendez les gars, le vous écoute mais on en a à peine une trentaine, l’autre jour, j’en ai effacé des dizaines …

B. – Oui, mais ça c’est les published. Dans la base, il y a aussi tous les drafts des auteurs … On est plutôt dans la zone des 200 …

Pendant cet échange, Antonin, devant son écran a tapoté quelques touches.

A. – 274 exactement. … dont 61 publiées …

C. – Tant que ça ? non ! On en a moins … On en a à peine une trentaine …

B. – Oui, mais dans la base, on conserve les deleted.

A. – Ah, oui,  des publiées visibles, il n’y en a que 35 …

C. – Ben enfin, si vous voulez faire de la place, il suffit de vider la corbeille, non ?

B. – Mmm, c’est pas si simple …

C. – Attend, ne commence pas avec ton cirque. C’est quand même pas la mer à boire d’appuyer sur le bouton vider la corbeille …

B. – Claire, tu es la patronne d’une boîte d’informatique.  C’est pas tout à fait aussi simple que ça, de vider une corbeille …

C. – Ah non, stop, là vraiment tu me fais chier. J’ai l’impression d’être vraiment prise pour une conne.

Le Clash est consommé, B. comme à son habitude quitte la pièce et va ronchonner dans la cour en fumant un clope. Il pense à Palo-Alto. Aux deux écoles de Palo Alto…

Au PARC de Xerox, bien sûr où Doug Engelbart et son équipe ont inventé dans les années 70 toutes ces formidables métaphores informatiques devenues si banales. Il est devenu si simple, si évident, d’avoir une corbeille sur son PC et de pouvoir la vider de temps en temps.
Pour la majeure partie des utilisateurs, tout comme dans la réalité, l’idée même qu’il puisse y avoir un processus assez complexe à mettre en œuvre pour arriver à ce résultat si évident est inconcevable.

Tous les ingrédients sont là pour l’affrontement.

C’est tout de même merveilleux que Palo Alto soit aussi connu pour son Ecole de psychologie dans laquelle, une ou deux décennies avant, l’équipe de Gregory Bateson s’était interrogée de fort belle manière sur la genèse des querelles de ménages et sur la course aux armements…