Dans l’open space, d’E&N Claire, Antonin et Baptiste.
Claire écoute d’une oreille distante la conversation des deux geeks qui échangent des constatations générales sur le comportement de l’appli dont la lenteur commence à les questionner .
B. – … ça vient peut être de la montée en charge. On commence à en a voir un paquet. C’est peut-être l’une des raisons pour laquelle Olivier voulait effacer entièrement la base pour la béta…
Claire intervient :
C. – Mais attendez les gars, le vous écoute mais on en a à peine une trentaine, l’autre jour, j’en ai effacé des dizaines …
B. – Oui, mais ça c’est les published. Dans la base, il y a aussi tous les drafts des auteurs … On est plutôt dans la zone des 200 …
Pendant cet échange, Antonin, devant son écran a tapoté quelques touches.
A. – 274 exactement. … dont 61 publiées …
C. – Tant que ça ? non ! On en a moins … On en a à peine une trentaine …
B. – Oui, mais dans la base, on conserve les deleted.
A. – Ah, oui, des publiées visibles, il n’y en a que 35 …
C. – Ben enfin, si vous voulez faire de la place, il suffit de vider la corbeille, non ?
B. – Mmm, c’est pas si simple …
C. – Attend, ne commence pas avec ton cirque. C’est quand même pas la mer à boire d’appuyer sur le bouton vider la corbeille …
B. – Claire, tu es la patronne d’une boîte d’informatique. C’est pas tout à fait aussi simple que ça, de vider une corbeille …
C. – Ah non, stop, là vraiment tu me fais chier. J’ai l’impression d’être vraiment prise pour une conne.
Le Clash est consommé, B. comme à son habitude quitte la pièce et va ronchonner dans la cour en fumant un clope. Il pense à Palo-Alto. Aux deux écoles de Palo Alto…
Au PARC de Xerox, bien sûr où Doug Engelbart et son équipe ont inventé dans les années 70 toutes ces formidables métaphores informatiques devenues si banales. Il est devenu si simple, si évident, d’avoir une corbeille sur son PC et de pouvoir la vider de temps en temps.
Pour la majeure partie des utilisateurs, tout comme dans la réalité, l’idée même qu’il puisse y avoir un processus assez complexe à mettre en œuvre pour arriver à ce résultat si évident est inconcevable.
Tous les ingrédients sont là pour l’affrontement.
C’est tout de même merveilleux que Palo Alto soit aussi connu pour son Ecole de psychologie dans laquelle, une ou deux décennies avant, l’équipe de Gregory Bateson s’était interrogée de fort belle manière sur la genèse des querelles de ménages et sur la course aux armements…